Passage en ville de la Cité d'Elopsis

Les jours passèrent, le calme toujours présent dans la radieuse Cité d'Elopsis. Nichée au cœur d'un immense désert s'étendant à perte de vue, loin de repousser ses habitants, cette dernière ne cessait de prospérer de jour en jour. Les chantiers étaient nombreux à l'intérieur des remparts. Il n'était pas rare, ainsi, de croiser des ouvriers, portant des tronçons d'arbres, à bout de bras. Ou encore des maçons travailler dans un quelconque recoin la pierre de sable, matériau indispensable à l'architecture Elopsienne. Ses habitants, détendus, enjoués, radieux, ne voyaient que le soleil chaud à perte de vue.
Oublié le passé pas si lointain pourtant des guerres funestes et de la désolation. Oubliée la prophétie de la « Pierre Bleue ». Leurs seuls ennemis, retranchés sur un continent voisin, ne représentaient même pas une menace véritable, l'océan agissant entre eux comme une véritable forteresse naturelle...


La paix ne dure pourtant qu'un temps...


Les vautours de plus en plus nombreux aux alentours des champs, à crier leur haine, auraient du leur mettre la puce à l'oreille. Les corbeaux se posant à la nuit tombée aux quatre coins des remparts, et fixant les habitants sans vergogne, sans peur, auraient encore du les alerter. Pourtant, surs d'eux, du bonheur qui enfin leur tombait dessus, ils refusaient de lire désormais dans les présages envoyés par les Dieux auxquels ils ne croient plus.
Les deux aventuriers Faymoss et Torpedo s'étaient bien étonnés de l'absence de nouvelles, de réaction de la part des Toumacs suite à la découverte de leurs reliques antiques. Les premiers jours, tous s'étaient tenus sur leurs gardes, sabre à la main, attendant de voir apparaître au loi, du haut d'une des nombreuses dunes, une armée de Touaregs. Les jours passant, leur vigilance se réduit, jusqu'à ce que les gardes oublient ce danger, se concentrant sur la surveillance unique des portes de la Cité.
Les premières attaques ressemblèrent à des rais isolés, visant à massacrer les pauvres paysans oeuvrant à quelques centaines de mètres des murailles, à l'écart de la force armée. Des têtes furent retrouvées, détachées de leurs corps, éparpillées sur les pâles du moulin, visibles de tous.
Puis, se fut au tour des gardes de succomber, par surprise et traitrise, à la furtivité des guerriers Toumacs, se faufilant dans la nuit, silencieux, grimpant comme des félins bloc après bloc sur les remparts, pour laisser finalement glisser la lame de leurs sabres le long de la gorge nue des malheureux vigiles.
Au petit matin, le soleil d'une rare rougeur, identifia les multiples cadavres. Ce jour, désormais considéré comme le « Lundi Sanglant », fit perdre aux habitants d'Elopsis leur beau sourire. Même les commerçants s'armèrent comme ils purent. Persuadés d'avoir été infiltrés, ils fermèrent leurs portes à double tour, se barricadant chez eux. L'armée, décimée, se regroupa autour du lieu de culte, le dernier endroit le plus sur de la Cité, protégeant leur chef Madou, vénéré par tous par sa grande sagesse. Ce dernier, en quelques mots, ordonna le massacre de tous les étrangers de la Cité, par sécurité. Puis, refusant de céder à la panique, il rassembla quelques uns de ces hommes, et ordonna à Faymoss de le conduire au campement Toumac. La fière armée retrouvée, l'étendard jaune et bleu dressé au-dessus des casques, les troupes s'en allèrent, laissant les citoyens à la merci d'une invasion extérieure.
Pendant plusieurs jours, il n'y eut aucune nouvelle des militaires. La détresse avait pris le dessus en ville. Bien qu'il n'y eut pas d'autre fait notable, la sérénité avait laissé place à la suspicion. Intenable souffrance intérieure, les villageois reprenaient leurs travaux quotidiens, machinalement. Un autre homme, arrivé il y a peu, ayant déjà vécu une situation de crise par le passé, pris les devants et guida les autres pour les aider à retrouver vainement le sourire. Loc, l'être mystérieux, parfois solitaire, parfois leader, poursuivit les chantiers en cours. Une milice improvisée, des commerçants ayant repris du poil de la bête,... Elopsis retrouva tout doucement, jour après jour, son lustre, sa fierté d'être la plaque tournante de l'économie extérieure.

Un jour, enfin, plusieurs lunes après leur départ, le fanion de la Cité resplendit au loin. De l'armée partie, revinrent quelques soldats à peine. Mal rasés, les cheveux longs, leurs belles armures déchirées, de multiples blessures visibles, mais vivants. Leur chef au centre, Madou, pénétra dans la Cité en véritable Imperator, victorieux. La tête de chaque Toumac décapité trainant à l'arrière du cortège, ces têtes qui bientôt seront mises en évidence sur les plus hautes tours de la Cité, pour conjurer définitivement le sort...